Témoignages de compagnons de Slimane Amirat :
DJILLALI LEGHMIA compagnon de combat de Slimane AMIRAT
Evocation au cours de la cérémonie du XXème anniversaire de la mort de Slimane AMIRAT.
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« C’est toujours avec émotion que l’on parle de ses amis, ses compagnons, qui par leurs actions, leurs sacrifices ont forgé le destin national.
Aujourd’hui, nous sommes là pour à la fois une cérémonie du souvenir mais aussi pour un grand moment de l’histoire de l’Algérie, en essayant de partager avec vous quelques faits de ce passé récent en rappelant quelques moments de la vie du parcours militant du regretté Slimane AMIRAT qui nous a quitté il ya 20 ans.
J’ai rencontré et connu Slimane AMIRAT en France au début de l’année 1956, alors que la révolution déclenchée le 1er Novembre 1954, s’engageait dans une phase de consolidation organisationnelle, politique et stratégique. Aussi, avant de traiter de ces aspects, il me parait important de restituer le contexte historique du moment de ce qui sera la Fédération de France du FLN.
L’émigration algérienne a connue ses débuts à la fin du 19ème siècle pour se développer au cours du siècle suivant, le 20ème siècle.
La composante humaine de cette population émigrée est à dominante issue des régions montagneuses et arides, contrainte à l’exode après les mesures de dépossession de leurs biens et des répressions subies suite notamment à l’insurrection en 1871 de Cheikh AHADAD et El MOKRANI.
Ces émigrés, en contact avec les milieux progressistes français, partis politiques et syndicats, ont favorisé l’émergence d’une élite qui créera l’Etoile Nord Africaine, puis le PPA, MTLD pour arriver au FLN de 1954.
Mohamed BOUDIAF, chargé par les responsables du front, de la coordination intérieure et extérieure de la révolution, désigne Mourad TERBOUCHE, comme responsable de l’émigration et le charge de son organisation et de sa mobilisation au service de la révolution.
MESSALI, responsable du PPA, MTLD, sollicité auparavant, pour prendre la tête de la révolution a catégoriquement refusé. Surpris par la tournure par les évènements du 1er Novembre 1954, il décide de créer un mouvement opposé au FLN, le MNA en Décembre 1954. Il tente de tirer profit de la confusion entretenue auprès des militants issus de la communauté émigrée pour faire occuper les locaux du MTLD et demander aux militants de rejoindre la nouvelle formation MNA , présentée comme le successeur du MTLD dissous le 5 Décembre 1954 par François MITTERRAND, alors ministre de l’intérieur.
Cependant, les militants aguerris par un combat de près de trente ans, ont vite compris les enjeux et ont commencé à s’organiser en cellules FLN dans Paris et sa banlieue ainsi que les principales villes de France. Et ce, dès l’année 1955, et ont procédé à l’acquisition des premières armes avec leurs moyens financiers.
Les rivalités MNA-FLN s’exacerbent et dégénèrent en combats fratricides à partir de 1956. Pour mener ces luttes et porter la guerre sur le territoire de France, les responsables FLN mettent en place des groupes de choc pour consolider notre organisation et contrecarrer les ennemis du peuple, à savoir le MNA, la police et leurs informateurs.
Slimane AMIRAT, qui arrive en France en 1956, rejoint l’Organisation. Très vite, il se distingue par son physique d’athlète, son courage et son sens de l’organisation qui suscitent le respect et le mènent au postes de responsabilité.
D’abord à la tête des groupes du 18ème et 19ème arrondissement de Paris, où le MNA était auparavant maitre de la situation, Slimane AMIRAT contribuera rapidement à améliorer la situation et confortera la position du FLN.
Malgré l’arrestation de nombreux cadres, il apportera également sa contribution à la mise en place des conditions pour l’organisation de la grève de huit jours envisagée pour soutenir la cause Algérienne devant l’ONU. La mobilisation des brigades formées, encouragées par la détermination des responsables comme Slimane AMIRAT ont permis de réussir la grève, d’imposer le FLN comme représentant du combat libérateur.
Mes rapports avec Slimane AMIRAT se sont renforcés au cours de cette épreuve formidable et déterminante, qui a aussi permis d’améliorer la combativité des militants et l’organisation pour déjouer toutes les manœuvres de la police, du MNA et de leurs informateurs.
C’est malheureusement, ce moment qu’exploite la police française en procédant à de nombreuses arrestations et Slimane AMIRAT sera parmi les victimes.
Arrêté, réprimé, déporté vers les camps de sinistre mémoire, Djorf, Paul Cazelles, Bossuet et d’autres, Slimane AMIRAT, le guerrier n’est pas vaincu et cette terrible épreuve le révèlera comme un leader respecté et entendu.
En effet, KAB Achour, un ami d’enfance, codétenu avec Slimane AMIRAT raconte : « au camp de Djorf, tous les internés étaient astreints au salut du drapeau français. Slimane AMIRAT fut le premier à refuser de s’y soumettre, déclenchant un mouvement général de désobéissance. Les geôliers excédés et voulant étouffer toute forme de contestation, le livrent aux chiens qui mettent ses habits en lambeaux. Slimane AMIRAT résiste et donne le courage et l’exemplarité à suivre pour tous ses compagnons. Le drapeau français ne sera plus salué. »
Sorti de prison à la fin 1959, il rejoint de nouveau l’organisation de la lutte armée en France et en devient le responsable des groupes de choc de la wilaya de Paris et banlieue.
Le capitaine Mantaner arrivé en France en 1959 avec quelques milliers de harkis recrutés en Algérie (appelés police auxiliaire) organise une caserne au fort de Romainville, avec des postes à travers la région parisienne, Nanterre et plusieurs arrondissements de Paris. Il installe des centres de torture à la Rue de la Goutte d’Or (18ème arrondissement) et Harvey (13ème arrondissement). Toutes les arrestations faites par la DST sont alors remises au capitaine Mantaner qui s’était d’abord distingué de façon macabre au Clos Salembier sur les hauteurs d’Alger.
Slimane AMIRAT organise, mène le combat et riposte aux harkis investis de la mission de porter les coups les plus durs à la Fédération de France du FLN, comme le souhaitait le premier ministre Michel Debré et son préfet Michel Papon pour aboutir finalement aux grandes manifestations historiques du 17 Octobre 1961 à Paris.
Arrêté au mois de Janvier 1961 par la DST, puis remis aux mains du capitaine Mantaner après les tortures et les sévices subis pendant plusieurs jours, je retrouve Slimane AMIRAT dans une cellule de la Conciergerie de la Cité. Là, nous déposons plainte contre nos tortionnaires après l’instruction qui a duré cinq mois. Nous sommes transférés dans les camps de Vadenay et de Larzac jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.
Slimane nous a quittés il y a 20 ans, mais dans nos cœurs il est toujours vivant. ».
Contribution de l’association Jean Mouhoub AMROUCHE d’IGHIL ALI. Commémoration du 20ème anniversaire de la mort de Slimane AMIRAT
1927-1992-2012 : Dimanche 01 Juillet 2012
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Aami Slimane, un nom de héros, un exemple de sacrifice ; l’homme qui déclara un jour, à une période où l’Algérie vacillait et se trouvait dans l’impasse : « si j’avais à choisir entre l’Algérie et la Démocratie, je choisirais l’Algérie sans aucune hésitation ». N’est-ce pas là le sens du devoir, du patriotisme et de l’abnégation, valeurs que tu partageais avec feu Tayeb El Watani, ton ainé.
Vous avez notre respect et notre admiration, vous qui avez placé l’intérêt du pays avant le votre.
A toi , Aami Slimane , parti faire tes adieux à « Boudiaf», ton frère de combat, ton ainé et ton guide, je te dédie cet acrostiche par lequel j’exprime mon admiration envers l’homme que tu fus, acrostiche par lequel j’essaie de dresser le portrait d’un homme d’une grande bravoure, mais aussi et surtout un homme de cœur, un homme d’une incommensurable bonté et d’une sincérité sans égal envers son pays, son peuple et ses frères de combat.
Sincérité envers tes frères
Liberté pour ton peuple
Indépendance de ton pays
Mémoire de ta patrie
Algérie libre, ton serment
Noblesse, ta vertu première
Emoi puis écœurement
Angoisse, adieux et prières
Mort de Boudiaf, le père
Insurmontable moment
Révolté ! Attristé !accablé
Affliction ! Abattement !
Ton cœur n’a pu supporter
A Madame Amirat, je dirai : « Feu votre mari doit être fier de vous. Vous l’avez soutenu dans les moments les plus durs et vous ne cessez de témoigner votre attachement et votre fidélité à celui qui fut votre moitié, mais dont le souvenir vous aide à finir un parcours dans la dignité, l’honneur et le respect de nous tous.
Aami Slimane a été un grand homme parce que vous avez été et vous êtes une grande dame.
Que Dieu vous bénisse en tant que femme d’abord, épouse ensuite et enfin en tant que mère en charge de vos enfants orphelins depuis vingt ans déjà.
Madame, vous pouvez vous enorgueillir et être fière de vous-même et de celui qui n’a cessé, jusqu’à son dernier souffle, de porter l’Algérie dans son cœur. Ce cœur fatigué qui a lâché devant l’indicible ! »
Dors en paix Aami Slimane !
Tu as été un homme de cœur et de raison !
Gloire à toi, à tes compagnons et à tous ceux qui ont œuvré pour le bien être de l’Algérie !