Vous trouverez ci-dessous une liste non-exhaustive des retombées presse de la Fondation Slimane Amirat :
Slimane Amirat, patriote convaincu et militant de la démocratie
Septembre 2014
Nacer Zenati
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Il a été dit que les grands hommes ne meurent jamais dans le lit et la liste de nos héros qui ont eu une fin tragique, est très longue. Parmi eux y figure le nom de Ammi Slimane qui a toujours mis ses convictions avant tout, au point d’en payer de sa vie lorsqu’il fut terrassé par une crise cardiaque en se recueillant devant la dépouille mortelle de son compagnon Boudiaf décédé suite à une mort violente devant son pupitre où il faisait un discours à la maison de la culture de Annaba, pour redonner espoir aux Algériens en prise à des difficultés énormes. Il faut dire que Ammi Slimane qui avait une humeur débonnaire et qui aimait discuter avec les jeunes, croyant fermement qu’ils seraient à l’origine des changements salvateurs pour la nation, avait du cœur au point qu’il fléchit en ce jour de deuil national où les Algériens s’apprêtaient à enterrer le coordinateur du «Groupe des Six» qui était à l’origine du déclenchement de la guerre de Libération nationale.
Il a mené une vie digne depuis son adhésion au mouvement national dans son village natal Takarboust sur le versant sud du majestueux Djurdjura, dans l’actuelle wilaya de Bouira. Il côtoyait au départ Abderahmane Mira qui l’envoya en France, dès mars 1955, où il fut chef d’un commando de choc qui a croisé le fer avec les activistes du MNA de Messali Hadj. Le FLN découvrira en un laps de temps réduit qu’il venait de faire le bon choix, en désignant Slimane Amirat pour mettre sur pied et diriger les groupes de choc de la région parisienne. Son baptême en tant que combattant de l’ALN, il l’avait fait dans la douleur et, il connut la guerre des frères. C’était dans cette atmosphère qu’il connaîtra les contradictions du mouvement national algérien. Une année après, il sera arrêté et il fera la connaissance des geôles de la colonisation à la prison de Constantine.
Ensuite, il sera transféré au camp d’El Djarf de M’sila. Militant infatigable et croyant fermement à la lutte armée, il a profité de son séjour au camp de détention d’El Djarf pour organiser une collecte d’argent et de médicaments au profit de l’ALN.
Légaliste et épris des valeurs de la démocratie, sa pise de position durant la crise de l’été 1962, lui valut plusieurs déboires par la suite et, il est allé jusqu’à risquer sa vie lors de sa grève de la faim dans sa prison de Santa Cruz à Oran, un fortin hérité de l’époque espagnole, connu pour avoir abrité Cervantès, l’illustre écrivain qui a été à l’origine d’un nouveau genre littéraire, à savoir le roman.
Il fut, dès l’accession de l’Algérie à l’indépendance, partisan de tous les mouvements pour l’instauration de la démocratie en Algérie. Il participa à la création du Front des forces socialistes FFS au MDRA de Krim Belkacem.
Slimane Amirat croyait fermement que le salut du pays ne peut venir que de la consécration de la liberté d’expression et l’avènement du pluralisme politique.
L’homme qui fut derrière la lutte contre les émules de l’OAS, en créant des groupes anti-OAS, à Bouaréah et El Biar, et après une brève apparition à Tlemcen à l’ombre de ce qui est appelé à l’époque le groupe de Oujda, refusa la manière utilisée par Ben Bella dans sa quête du pouvoir. C’est ainsi qu’il va se retrouver avec Mohand Oulhadj et Krim Belkacem pour la création au départ de l’UDRS. Il s’exilera jusqu’en 1965.
Fidèle à ses convictions, Amirat refusera de voir tant de militants et d’anciens maquisards dans les prisons. Il fut arrêté le 10 octobre 1968, pour connaître les geôles de Santa Cruz, où il fera successivement plusieurs grèves de la faim, 17 jours, ensuite 25 jours. Il sera transporté dans un état comateux à l’hôpital universitaire d’Oran suite à cette dernière grève. De la prison d’Oran, il sera ensuite transféré à la prison de Berrouaghia où il restera en détention pendant deux années et sera de nouveau transféré à El Harrach, prison qu’il quittera au bout de six mois. Libéré le 23 juin 1975, Slimane sera étroitement surveillé durant toute sa période de détention, et même après sa sortie de prison.
Il mènera alors lui-même le combat pour la libération de ses propres amis demeurés en prison. Il obtiendra leur libération et la réhabilitation de tous les membres.
Sur cet épisode de sa vie où il avait côtoyé la mort à plusieurs reprises, peu de gens connaissent le combat de son épouse Zoubida, née Kaddoure, une fille d’Alger qui a connu les maquis de la wilaya IV historique. Cette femme qui mena un combat héroïque pour la libération de son époux emprisonné pour ses opinions politiques, tente aujourd’hui de perpétuer les idées de Slimane à travers son activité au sein de la Fondation qui porte son nom.
Ce n’est qu’après l’adoption de la Constitution de 1989 que le peuple algérien découvrira le militant pour la liberté et la démocratie, M. Slimane Amirat, celui qu’il avait connu déjà dans les années 1950 comme combattant acharné pour l’indépendance. Ses apparitions à la télévision en tant que responsable du MDRA et ses joutes avec les islamistes, dans une Algérie en pleine ébullition et en butte à l’anarchie, révélèrent un homme d’une sagesse et d’une perspicacité rares. Ne pouvant s’accommoder d’une démocratie à laquelle il avait voué tout son combat, il choisit le camp de ceux qui se souciaient de la préservation du pays. C’est ainsi qu’il dira que s’il avait à choisir entre l’Algérie et la démocratie, il choisirait sa patrie, celle qui a été à l’origine de son combat armé du départ.
L’histoire retiendra que même son combat pour la liberté et la démocratie, est le résultat de son amour, sans égal pour sa patrie. L’homme qui a connu Krim, Ouamrane, Boudiaf et tant d’autres militants de la cause nationale, est parti terrassé par une crise cardiaque, lui dont le sens de la résistance est légendaire. 17 ans après sa mort, Slimane demeure dans le cœur de ceux qui l’ont connu comme un père de famille exemplaire, un nationaliste de première heure et un homme épris de justice et de liberté.
Une évocation en temps réel, Slimane Amirat ou l’art de “mourir vertical”
Mardi 2 juillet 2013
Mohamed Mebarki
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L’évocation aujourd’hui de la mémoire de ce patriote hors du commun dans un contexte régional très agité donne à la commémoration de sa mort un cachet exceptionnel. Elle intervient dans une phase trouble et porteuse de tous les dangers auxquels l’Algérie se trouve exposée. De l’autre côté de nos frontières Est, la menace d’une intervention militaire terrestre étrangère est de plus en plus envisagée au cas où le scénario mis en œuvre serait contrarié et la quantité d’armes légères et lourdes en circulation dépasserait l’imagination.
Dans nos confins Sud, les terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique tentent par tous les moyens d’exploiter en leur profit la situation de chaos qui règne en Libye et l’état d’abandon dans lequel se trouve la moitié de la bande du Sahel afin de se redéployer en multipliant leur degré de nuisance, particulièrement après l’annonce de la mort de Ben Laden. C’est en de pareils moments que nous pouvons constater l’immense vide laissé par Ammi Slimane avant de réaliser combien l’Algérie a besoin d’hommes de sa trempe : des hommes de principes et sans concessions. Au même titre que Mohamed Boudiaf, Slimane Amirat a vécu l’amour de la patrie dans un dévouement exclusif et à l’instar du défunt président, c’est l’Histoire avec un grand H qui s’est chargée de le mettre au-devant de la scène afin que les Algériens puissent s’imprégner des valeurs intrinsèques véhiculées par une génération exceptionnelle qui a donné des hommes exceptionnels. Modeste, humble, tolérant et dévoué ; tous les qualificatifs que l’on pourrait imaginer ne suffiront pas à cerner une personnalité forgée par le combat libérateur et les idéaux de justice.
Malgré les incompréhensions et les malentendus qu’il a vécus et subis dans sa chair, silencieusement et sans jamais chercher à rendre coup pour coup comme l’auraient fait d’autres, il a su avec une facilité déconcertante s’élever au-dessus des réflexes rancuniers et égoïstes. A l’image de Mohand Oulhadj, un autre patriote qui s’est retrouvé en porte-à-faux avec ses anciens compagnons d’armes, mais qui a eu le courage d’étouffer toutes les rancœurs en prenant cause et fait avec ses adversaires politiques parce que l’Algérie était gravement menacée dans son intégrité territoriale, Slimane Amirat s’est hautement distingué lors de l’ouverture démocratique débridée des années 1990 et 1991 et qui n’a pas tardé à se transformer en une anarchie totale mettant en péril l’avenir de l’Algérie.
Dans un contexte fébrile qui laissait déjà pointer à l’horizon les prémices d’une crise sans précédent, le chef charismatique du MDRA, la formation politique nouvellement agréée et à travers laquelle il comptait contribuer à l’édification démocratique du pays, a refusé de se laisser entraîner dans le jeu stérile des alliances et des contre-alliances, préférant adopter une attitude sereine fondée sur le même principe défendu par son compagnon Mohamed Boudiaf : l’Algérie avant tout. « Si on me demanderait de choisir entre l’Algérie et la démocratie, j’opterais sans hésiter pour le choix de l’Algérie », avait-il répondu lors d’une émission politique. Cette phrase est restée gravée dans la mémoire des Algériens qui auraient vivement souhaité aujourd’hui qu’elle devienne une règle immuable et partagée par l’ensemble des acteurs politiques.
Si Amirat était parmi nous, quoiqu’il le soit de par l’héritage symbolique qu’il nous a légué, il n’aurait jamais toléré que l’on s’attarde longuement sur son passé révolutionnaire, ses faits d’armes et les multiples vexations qu’il avait subies durant une décennie entière. Ce n’est pas son genre et ce n’est compatible ni avec ses convictions profondes ni avec la discipline qu’il s’est imposée tout au long d’une vie dévouée à l’Algérie et rien qu’à l’Algérie. Il n’a fait que son devoir, disait-il chaque fois que l’on essayait de lui tirer un témoignage ou une déclaration à propos d’un événement historique auquel il avait pris part. Nous avons toujours su qu’il n’aimait pas se mettre en vedette et qu’il abhorrait particulièrement de se présenter dans l’habit du héros et de l’intrépide invincible sans qui les choses n’auraient aucun sens.
Et nous demeurons convaincus aujourd’hui et demain que ce n’est certainement pas un simple hasard ou une pure coïncidence qu’il nous a quittés en lisant la Fatiha à la mémoire de son frère d’armes, le martyr si Tayeb El Watani ! Slimane Amirat, une vie militante et un destin exceptionnel d’un homme qui avait vécu droit comme les idées qu’il portait, et tiré sa révérence dignement et sans faire de bruit comme seuls les grands hommes savent le faire ! Slimane Amirat dont le destin fut irréversiblement lié à celui de Mohamed Boudiaf est devenu un mythe et une légende aux yeux de nombreux Algériens qui voyaient en lui le modèle parfait du citoyen et du patriote sage et sincère qui vivait comme il pensait. C’est pourquoi entend-on dire que le sort lui a réservé une « sortie » fabuleuse, celle des hommes destinés à « mourir vertical ». Aujourd’hui encore et dans les années à venir, les Algériens se souviendront de cet homme affable et courtois qui se donnait sans calcul dans le but de modérer les ardeurs des uns et des autres dans un climat chauffé à l’extrême par les multiples excès et les graves dérapages qui ont dominé la scène politique algérienne au début des années 1990.
Dans quelques semaines, nous allons commémorer le dix-neuvième anniversaire de sa mort dans un contexte régional porteur d’incertitudes et de sérieuses menaces qui guettent la stabilité de l’Algérie. L’occasion est propice et tout à fait indiqué pour que l’ensemble de la classe politique médite longuement les paroles d’un homme, en se recueillant à sa mémoire et en démontrant par les actes et dans les faits que Slimane Amirat, le géant au cœur tendre et à l’âme sensible, n’a pas vécu et lutté pour rien. Faire revivre son souvenir à travers deux ou trois conférences où des invités se bousculent pour prendre la parole ne servira ni l’événement ni l’Algérie, s’il n’y a pas une volonté de pérenniser les principes de l’homme dans le cadre d’une action politique où chacun s’engagera et prêtera le serment de mettre l’Algérie et la paix de l’Algérie au-dessus de toutes les contingences et des divergences quelles qu’elles soient. Ce n’est qu’à ce prix et seulement à ce prix que la fidélité aura enfin un sens.
Qui se souvient des déportés algériens en Nouvelle-Calédonie ?
Mardi 9 octobre 2012
Hafida Ameyar
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Mohammed El-Korso a tenu à rappeler que son intérêt pour la question des déportations en Nouvelle-Calédonie remonte à quelques années, grâce au film de Saïd Eulmi qui a su éveiller sa curiosité d’historien.
La Fondation Slimane-Amirat a encore donné la preuve, avant-hier, de son attachement à la connaissance de l’histoire de l’Algérie. En effet, l’organisation, créée en 2000 et présidée par Zoubida Amirat, la veuve du moudjahid, a organisée une conférence-débat sur la résistance algérienne contre le colonialisme français, à travers l’histoire des Algériens déportés en Nouvelle-Calédonie.
La rencontre s’est tenue, au siège de la fondation, sis à la rue Benali (ex-Parmentier), à Alger, et a été animée par l’historien Mohammed El- Korso. D’emblée, ce dernier a tenté de placer le thème dans le contexte de l’époque du XIXe siècle, en rappelant qu’il s’agit se sont retrouvés dans l’ailleurs” et d’Algériens “qui “une colonie forcés de partir dans pénitentiaire” : la Nouvelle-Calédonie. “Ces Algériens ont été déportés, car ils ont fait acte de résistance contre la colonisation. Nous sommes donc en présence d’une punition coloniale”, a-t-il expliqué.
Pour l’intervenant, l’histoire de ces déportés est “une histoire oubliée” qui demande à être connue. De plus, ajoutera-t-il, les écrits sur nos compatriotes exilés sur cette terre lointaine sont rares, pour ne pas dire insignifiants.
Dans son exposé, Mohammed El-Korso a tenu à rappeler que son intérêt pour la question des déportations en Nouvelle-Calédonie remonte à quelques années, grâce au film de Saïd Eulmi qui a su éveiller sa curiosité d’historien. Un documentaire racontant l’attachement des descendants de déportés algériens à leur pays d’origine et le travail réalisé par leur association (Association des Arabes et amis des Arabes de Nouvelle-Calédonie), pour préserver leur identité.
Le conférencier a en outre livré quelques statistiques en sa possession, montrant qu’un certain Braham Mohamed, exilé en 1864, est le premier déporté algérien en Nouvelle-Calédonie. Il a également révélé que seulement pour la période allant de 1864 à 1884, 1702 Algériens figuraient parmi les déportés arabes. “Plus de 93% des déportés en Nouvelle-Calédonie sont d’origine algérienne”, a-t-il affirmé, notant que 45% d’entre eux étaient du Constantinois, 23% de l’Oranie et 32% de l’Algérois. Par ailleurs, l’historien a informé que les 1700 dossiers relatifs aux déportés dévoilent que 7% étaient âgés entre 16 et 20 ans, 54% appartenaient à la tranche d’âge 21-30 ans, 31% à celle des 31-40 ans, 7% à celle des 41-50 ans et 1% à celle des 51 ans et plus.
L’étude matrimoniale de ces dossiers montrent, quant à elle, que 42% des déportés algériens étaient célibataires, 51% des hommes mariés, 5% des veufs et 2% des divorcés.
M. El-Korso a aussi annoncé que les déportations concernaient les hommes seulement, sans leur femmes ni leurs familles. “Les déportés algériens étaient exclus des lois de 1870, 1872 et 1873 qui permettaient aux déportés d’être accompagnés par leurs femmes”, a-t-il souligné.
Autrement dit, les Algériens, mariés en Algérie, et ceux en âge allaient contracter des unions, surtout avant d’être mariés, “des Européennes, femmes perdues ramenées de France”.
La rencontre de la Fondation Amirat a offert l’opportunité de discuter sur la communauté algérienne en Nouvelle-Calédonie, qui reste méconnue.
Elle a surtout mis en évidence “le déracinement” de ces “traumatisme” et hommes déportés, soumis à la violence, séparés de leurs femmes et de leur famille, vivant dans des “conditions de vie extrêmes qui affectent le mental” et subissant “l’aliénation”.
Hommage à Slimane Amirat : un homme, des convictions
Lundi 02 Juillet 2012
Nadia Mellal
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Beaucoup de ses amis, compagnons de lutte ou sympathisants à ses idées se souviennent de Slimane Amirat. Voici vingt ans, il s’était effondré sur le cercueil d’un héros, le Président Mohamed Boudiaf à qui il venait rendre hommage au Palais du peuple. Il est mort dans un ultime acte de patriotisme et de fidélité.
Si Slimane faisait partie, en effet, de ces hommes, de ces grands hommes pétris dans la sève du nationalisme, ne se départissant jamais des appels de la Patrie.
Jeune militant, il s’était naturellement engagé dans la lutte de Libération au sein de la Fédération de France. Connu pour son courage — certains évoquaient même une forte dose de témérité —, Si Slimane a affronté tous les dangers, réalisant des actions d’éclat pour faire triompher les idéaux pour lesquels il s’était engagé dans la Révolution de Novembre.
Non seulement homme d’action mais aussi homme de convictions, Si Slimane donna plus tard une forte symbolique à la dimension de son engagement. Dès les premières années de l’Indépendance, il était porteur des grandes valeurs démocratiques. Il en subira toutes les conséquences, y compris un procès devant la Cour révolutionnaire d’Oran.
Au président de cette juridiction d’exception qui lui annonçait son droit à un recours, il eut ce geste de noblesse enrobé dans une parole altière. “Je ne demanderais rien”. Porteur de fierté et de dignité, Si Slimane n’a jamais négocié quoi que ce fut. Il trimbalera avec honneur cette caractéristique avec un don de soi intrinsèque. Il surprendra son monde devant les caméras de la télévision quand il lancera un certain soir d’une conférence nationale : “Si j’ai à choisir entre l’Algérie et la démocratie, je choisirais l’Algérie.”
Profondément touché dès le début par la tragédie nationale, Si Slimane fera de son mieux, pour influer sur les évènements et stopper l’infernale descente. Condamnant sans hésitation les prémices d’un terrorisme islamiste ravageur mais concédant qu’il fallait sauver les enfants de l’Algérie. Arrivé à la tête du HCE, le Président Boudiaf tenait à bénéficier de ses conseils et l’appela l’avant-veille de leurs morts presque simultanée pour lui dire que “les patriotes doivent s’unir pour sortir le pays de cette tragédie”. Si Slimane acquies ça bien sûr.
Les deux compagnons prirent congé l’un de l’autre pour un autre rendez-vous.
Avant de quitter la Présidence, le Président Boudiaf offrit à son hôte un Coran. Pour le rendez-vous convenu, le destin en décida autrement ; ils sont presque côte à côte au cimetière d’El-Alia.
Morts à 24 heures d’intervalle, avec un idéal identique et des convictions non moins identiques.
Slimane Amirat, vivre et mourir debout. Une évocation en temps réel
Lundi 07 mai 2012
Mohamed Mebarki
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Il est des hommes qui sont nés pour servir l’Algérie sans tenir compte des vicissitudes de la vie. Le Moudjahid et le Martyr Slimane Amirat est de ces hommes qui ont fait du cri du cœur lancé par Messali Hadj «L’Algérie n’est pas à vendre» une raison de vivre qui l’a accompagné jusqu’à son dernier soupir. Dans quelques semaines seulement, dix-neuf ans auront passé depuis sa disparition alors qu’il venait se recueillir sur le cercueil du Président Mohamed Boudiaf, son compagnon d’armes durant la Guerre de libération nationale. Deux décennies ont été «expédiées» depuis ce jour fatidique où Slimane Amirat, dévoré par une tristesse infinie mais qui arrivait cependant à préserver une attitude digne et courageuse, s’affaissa terrassé par une crise cardiaque causée par l’immense douleur provoquée par la fin tragique d’une des icônes incontestées de la Révolution.
L’évocation aujourd’hui de la mémoire de ce patriote hors du commun dans un contexte régional très agité donne à la commémoration de sa mort un cachet exceptionnel. Elle intervient dans une phase trouble et porteuse de tous les dangers auxquels l’Algérie se trouve exposée. De l’autre côté de nos frontières Est, la menace d’une intervention militaire terrestre étrangère est de plus en plus envisagée au cas où le scénario mis en œuvre serait contrarié et la quantité d’armes légères et lourdes en circulation dépasserait l’imagination. Dans nos confins Sud, les terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique tentent par tous les moyens d’exploiter en leur profit la situation de chaos qui règne en Libye et l’état d’abandon dans lequel se trouve la moitié de la bande du Sahel afin de se redéployer en multipliant leur degré de nuisance, particulièrement après l’annonce de la mort de Ben Laden. C’est en de pareils moments que nous pouvons constater l’immense vide laissé par Ammi Slimane avant de réaliser combien l’Algérie a besoin d’hommes de sa trempe : des hommes de principes et sans concessions.
Au même titre que Mohamed Boudiaf, Slimane Amirat a vécu l’amour de la Patrie dans un dévouement exclusif et à l’instar du défunt Président, c’est l’Histoire avec un grand H qui s’est chargée de le mettre au-devant de la scène afin que les Algériens puissent s’imprégner des valeurs intrinsèques véhiculées par une génération exceptionnelle qui a donné des hommes exceptionnels. Modeste, humble, tolérant et dévoué ; tous les qualificatifs que l’on pourrait imaginer ne suffiront pas à cerner une personnalité forgée par le combat libérateur et les idéaux de justice. Malgré les incompréhensions et les malentendus qu’il a vécus et subis dans sa chair, silencieusement et sans jamais chercher à rendre coup pour coup comme l’auraient fait d’autres, il a su avec une facilité déconcertante s’élever au-dessus des réflexes rancuniers et égoïstes. A l’image de Mohand Oulhadj, un autre patriote qui s’est retrouvé en porte-à-faux avec ses anciens compagnons d’armes, mais qui a eu le courage d’étouffer toutes les rancœurs en prenant cause et fait avec ses adversaires politiques parce que l’Algérie était gravement menacée dans son intégrité territoriale, Slimane Amirat s’est hautement distingué lors de l’ouverture démocratique débridée des années 1990 et 1991 et qui n’a pas tardé à se transformer en une anarchie totale mettant en péril l’avenir de l’Algérie.
Dans un contexte fébril qui laissait déjà pointer à l’horizon les prémices d’une crise sans précédent, le chef charismatique du MDRA, la formation politique nouvellement agréée et à travers laquelle il comptait contribuer à l’édification démocratique du pays, a refusé de se laisser entraîner dans le jeu stérile des alliances et des contre-alliances, préférant adopter une attitude sereine fondée sur le même principe défendu par son compagnon Mohamed Boudiaf : l’Algérie avant tout. « Si on me demanderait de choisir entre l’Algérie et la démocratie, j’opterais sans hésiter pour le choix de l’Algérie », avait-il répondu lors d’une émission politique. Cette phrase est restée gravée dans la mémoire des Algériens qui auraient vivement souhaité aujourd’hui qu’elle devienne une règle immuable et partagée par l’ensemble des acteurs politiques. Si Amirat était parmi nous, quoiqu’il le soit de par l’héritage symbolique qu’il nous a légué, il n’aurait jamais toléré que l’on s’attarde longuement sur son passé révolutionnaire, ses faits d’armes et les multiples vexations qu’il avait subies durant une décennie entière. Ce n’est pas son genre et ce n’est compatible ni avec ses convictions profondes ni avec la discipline qu’il s’est imposée tout au long d’une vie dévouée à l’Algérie et rien qu’à l’Algérie. Il n’a fait que son devoir, disait-il chaque fois que l’on essayait de lui tirer un témoignage ou une déclaration à propos d’un événement historique auquel il avait pris part.
Nous avons toujours su qu’il n’aimait pas se mettre en vedette et qu’il abhorrait particulièrement de se présenter dans l’habit du héros et de l’intrépide invincible sans qui les choses n’auraient aucun sens. Et nous demeurons convaincus aujourd’hui et demain que ce n’est certainement pas un simple hasard ou une pure coïncidence qu’il nous a quitté en lisant la Fatiha à la mémoire de son frère d’armes, le martyr si Tayeb El Watani ! Slimane Amirat, une vie militante et un destin exceptionnel d’un homme qui avait vécu droit comme les idées qu’il portait, et tiré sa révérence dignement et sans faire de bruit comme seuls les grands hommes savent le faire !
Slimane Amirat dont le destin fut irréversiblement lié à celui de Mohamed Boudiaf est devenu un mythe et une légende aux yeux de nombreux Algériens qui voyaient en lui le modèle parfait du citoyen et du patriote sage et sincère qui vivait comme il pensait. C’est pourquoi entend-on dire que le sort lui a réservé une « sortie » fabuleuse, celle des hommes destinés à « mourir vertical ». Aujourd’hui encore et dans les années à venir, les Algériens se souviendront de cet homme affable et courtois qui se donnait sans calcul dans le but de modérer les ardeurs des uns et des autres dans un climat chauffé à l’extrême par les multiples excès et les graves dérapages qui ont dominé la scène politique algérienne au début des années 1990.
Dans quelques semaines, nous allons commémorer le dix-neuvième anniversaire de sa mort dans un contexte régional porteur d’incertitudes et de sérieuses menaces qui guettent la stabilité de l’Algérie. L’occasion est propice et tout à fait indiqué pour que l’ensemble de la classe politique médite longuement les paroles d’un homme, en se recueillant à sa mémoire et en démontrant par les actes et dans les faits que Slimane Amirat, le géant au cœur tendre et à l’âme sensible, n’a pas vécu et lutté pour rien. Faire revivre son souvenir à travers deux ou trois conférences où des invités se bousculent pour prendre la parole ne servira ni l’événement ni l’Algérie, s’il n’y a pas une volonté de pérenniser les principes de l’homme dans le cadre d’une action politique où chacun s’engagera et prêtera le serment de mettre l’Algérie et la paix de l’Algérie au-dessus de toutes les contingences et des divergences quelles qu’elles soient. Ce n’est qu’à ce prix et seulement à ce prix que la fidélité aura enfin un sens.
Glorification de la Colonisation. Rédha Malek met en garde
Lundi 26 Mars 2012
Nadia Benakli
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Le porte-parole de la délégation algérienne aux négociations d’Evian, M. Rédha Malek, alerte l’opinion publique. «Si les tentatives de glorification de la colonisation en France continuaient, elles auront des répercussions sur les relations algéro-françaises», a-t-il déclaré lors d’une conférence qu’il a animée sur les Accords d’Evian organisée par la Fondation Slimane-Amirat. Se voulant plus clair, l’ancien chef de gouvernement explique que «si les tentatives de glorification de la colonisation en France, à l’instar de la loi de février 2005 qui fait l’apologie de la colonisation, continuaient, il faudra s’attendre à des problèmes dans les relations algéro-françaises».
Pour lui, le peuple algérien sera dans son droit de demander la criminalisation de la colonisation, en ouvrant le procès des génocides commis durant la conquête coloniale et la Guerre de Libération Nationale. Cette déclaration vient appuyer la demande de l’Organisation Nationale des Moudjahidine (ONM) qui insiste sur la nécessité d’adopter le projet de loi sur la criminalisation du colonialisme. Lors du 11e congrès de l’organisation tenu récemment, l’ONM a appelé à faire de ce projet une des priorités de l’Etat.
L’ancien chef de gouvernement est revenu sur les propos de Michel Debré qui disait que «les Accords d’Evian constituent une victoire de la France contre elle-même» pour clarifier que ces Accords «s’inscrivaient dans l’équation de l’indépendance contre la paix». S’agissant des réparations exigées par la partie Algérienne sur les effets des essais nucléaires, M. Malek a cité l’article 32 de l’annexe des Accords d’Evian dédié aux questions militaires qui stipule, a-t-il indiqué, que la France est appelée à réparer tout dommage causé par l’Armée française sur les sites qu’elle continuait d’occuper en Algérie, y compris les sites d’expérimentation nucléaire.
Le porte-parole de la délégation du Gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA) a fait une rétrospective des contacts et négociations entre le Front de libération nationale (FLN) et le gouvernement français, mettant l’accent sur la permanence et la constance de la position du GPRA qui œuvrait à la satisfaction, précise-t-il, des objectifs de la révolution, à savoir l’intégrité territoriale, l’unité du peuple algérien et son indépendance totale. Il a toutefois estimé que ces trois principes demeurent toujours d’actualité, au regard des événements qui secouent la région et le monde.